vendredi 22 août 2014

La nuit, tous les chats sont noirs...

Edgar Allan Poe Rock'N Roll.
Edgar Allan Poe est, avec Sir Arthur Conan Doyle, un des auteurs qui a bercé mon enfance. Non que ma Mère me lisait ce genre d'histoires avant de m'endormir, cela aurait été un peu glauque, mais je me suis très tôt prise d'affection pour ses nouvelles. Il reste aujourd'hui encore au panthéon de mes auteurs préférés et j'aime beaucoup relire ses histoires de temps à autres.
Son œuvre la plus connue, Nouvelles Histoires Extraordinaires (1857), regroupe un grand nombre de ses écrits les plus populaires. Les nouvelles d'Edgar Allan Poe ont été traduites par Charles Baudelaire, puis annexées dans ce recueil.
Lorsque l'on parle d'Edgar Allan Poe, nous pensons directement au Chat Noir (1843), nouvelle racontant comment un homme s'est débarrassé de son chat, sans pour autant parvenir à vivre avec la culpabilité de son acte ; personnellement ce n'est pas celle qui m'a le plus marquée. Il s'agit plutôt du Cœur Révélateur (1843).
Pour résumer rapidement, ce récit met en scène un personnage masculin, et l'on sait immédiatement qu'il a commis un meurtre de sang froid ; écrit à la première personne, il retrace l'histoire du narrateur depuis sa première pensée meurtrière. Nous pénétrons au coeur des pensées de l'assassin, découvrant ainsi ses sentiments et ses angoisses.
La seconde nouvelle qui a marqué mon esprit est Ligeia (1838). Celle-ci ne se trouve pas dans le recueil Nouvelles Histoires Extraordinaires. Le récit est toujours à la première personne, comme la majorité des œuvres d'Edgar Allan Poe, et ici encore, nous savons dès le départ que le récit sera celui d'une tragédie. Le narrateur y fait part au lecteur de son amour pour Ligeia, en décrivant -pendant une bonne dizaine de pages- de manière exhaustive chaque parcelle de son corps.
"Quant à la beauté de la figure, aucune femme ne l'a jamais égalée. C'était l'éclat d'un rêve d'opium, une vision aérienne et ravissante, plus étrangement céleste que les rêveries qui voltigeaient dans les âmes assoupies des filles de Délos*."
L'histoire ne s'arrête pas à une simple description de la beauté de Ligeia. Après son décès prématuré, le narrateur se remarie avec une jeune femme bien différente, sans pour autant oublier son premier amour.

J'ai toujours beaucoup aimé la propension de l'auteur à se mettre dans la peau de chacun de ses personnages criants de vérité et de réalisme. Que ce soit le meurtrier et ses angoisses dans Le Cœur Révélateur, ou l'amoureux transit de Ligeia ; chacun a sa propre personnalité, sa propre façon de penser. De plus, son écriture -dont la qualité n'est plus à démontrer-, son style, ainsi que ses constantes références à la mythologie, la philosophie ou la culture de manière plus générale, sont des sources de connaissances non négligeables.
"Et il y a là-dedans la volonté, qui ne meurt pas. Qui donc connaît les mystères de la volonté ainsi que sa vigueur ! Car Dieu n'est qu'une grande volonté pénétrant toutes choses par l'intensité qui lui est propre. L'Homme ne cède aux Anges et ne se rend entièrement à la mort que par l'infirmité de sa propre volonté." Joseph Glanvill.
Je suis parfaitement consciente que l'écriture et le style un peu lugubre de l'auteur ne peuvent pas plaire à tout le monde, mais une nouvelle d'Edgar Allan Poe qui ne serait pas macabre, ne serait pas une nouvelle d'Edgar Allan Poe. Après, libre à chacun d'apprécier ou non ce style. 



*Délos est une île des Cyclades au large de la Grèce. Pour la petite anecdote mythologique, cette île fut mobilisée par Zeus pour sa maîtresse : Léto. Cette dernière ayant succombé -comme beaucoup d'autres- au charme du Dieu des dieux, et portant sa progéniture, subit les foudres d'Héra, l'épouse maladivement jalouse de Zeus. Héra menace de représailles toute ville qui accueillerait l'accouchement de Léto. Pour aider sa maîtresse, Zeus fait appel à son frère, Poséidon, qui fera sortir un rocher de l'eau, formant l'île de Délos. Léto y mettra au monde Appolon, Dieu de la beauté et du Soleil, et Artémis, Déesse de la chasse et de la Lune.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire